La surprise explosive du voyage, le Guatemala. Premier sur la liste de l’Amérique centrale, ce pays a eu un pouvoir immersif instantané, sans transition.
Et pour donner le ton, c’est sur le site maya de Uaxactún que nous passons notre premiere nuit. Isolé par une route non asphaltée et éclipsé par sa grande rivale Tikal quelques kilomètres en dessous, le site est déserté par les touristes. Pourtant, le lieu est d’une beauté mystique, perdu dans une jungle dévorante et sonore
Voici un enregistrement, que nous avons effectué, en laissant un piège à son, toute la nuit à côté de notre campement :
Mais au-delà de la magie du site, nous y avons tissé des liens avec 4 jeunes filles du village, un instant particulier et inattendu qui s’est étiré sur 2 jours. Nous avons ouvert notre camion et cuisiné ensemble, déjeuné, chanté, écouté les sons et parlé esprit de la forêt. Puis, lors d’une cérémonie improvisée, nous avons été entourés de lianes et remariés à jamais. Au moment des adieux, notre camion a été parsemé de compositions florales, chaque petite création faite avec méthode et goût. Nous sommes reparti le cœur tout chamallow, avec le sentiment que le Guatemala allez nous offrir quelque chose de grand.
La suite fut exponentielle, en couleurs, tradition et chaleur humaine. Des aventures improbables que nous avons eu la chance de partager en famille.
Voici quelques petits extraits sonores d’ambiance des marchés guatémaltèques :
Ce séjour vibrant s’est clôturé par une expérience que l’on n’est pas prêt d’oublier, dormir tout près du Fuego, un volcan hyper actif. Nous allions passer à coté dans notre course folle, on remerciera jamais assez Gwendoline et Jérémy, rencontrés sur les routes du Guatemala, d’avoir glissé l’idée dans nos tetes.
La veille, nous choisissons tous les quatre de passer la soirée au coté de notre guide, Catalino, dans sa famille. Instant pub pour Asoava, deux fois moins cher que les agences à Antigua).
Pour voir le phénomène, il faut marcher sur les pentes poussiéreuses du volcan voisin, l’ Acatanango, jusqu’ au camp de base à 3500 m. Tentes, duvets et repas seront portés par nos guides, mais les 4 litres d’eau par personnes, les multiples couches pour la nuit proche du zéro et les affaires de son restent nos fardeaux.
D’après Catalino, le volcan est très actif en ce moment, nous sortirons donc toute l’artillerie sonore.
Je pourrais décrire l’ascension, mais il me reste seulement le souvenir d’être attiré comme un aimant au sommet, par les sons de plus en plus fort du volcan.
Et malgré la pente raide et caillouteuse, l’altitude et la poussière, la marche n’était plus qu’un détail face au Fuego. Arrivé en fin d’après-midi, c’est au coucher de soleil que nous l’observons. Toutes les 10 minutes, une explosion de fumée épaisse se produit. Puis 8 secondes après, le son atteint nos oreilles et les fait vibrer.
Une fois la nuit tombée, la fumée fait place une lave rougeoyante, dans d’intenses explosions. Au-delà de la beauté du spectacle, à couper le souffle , le son est unique. Parfois grondement profond venu des entrailles de la terre ou détonation sèche, l’expulsion du volcan produit une vibration intense jusque dans le corps, une onde basse fréquence poignante.
L’adrénaline à son maximum, ce fut une nuit blanche au sommet.
L’ascension des derniers 500m se déroule de nuit pour pouvoir atteindre le sommet de l’Acatanango avant l’aurore. Sous les étoiles, avec la lune et le volcan encore rougeoyant de sa nuit, la puissance fantastique du moment nous dépasse mais résonne encore dans nos corps.
Afin de nous perdre dans le tréfonds du canyon de la « green river » et enregistrer des sons loin de tout, nous avons emprunté avec notre van (vw T5 4motion), un hors piste spectaculaire et chaotique.
Sans l’avoir prémédité, nous avons passé la majeur partie de notre séjour aux USA dans l’Utah, un état où 80 % de la population vie à Salt Lake City ; le reste n’est que désert et canyon, tous singuliers, tous beaux à en crever.
Dans son livre « Désert solitaire », Edward Abbey explique comment ces décors bruts, arides et fragiles sont devenus au fil des années des parcs nationaux protégés, rendus accessibles au public via des axes routiers. Et la frontière reste mince entre préservation et universalisation des lieux. Certains parcs ressemblent maintenant à de grands circuits du point de vue, des drive-in de la photographie, des paradis du selfie prêt-à-emporter.
Sans bouder les infrastructures mises en places, il fallait trouver un équilibre entre attractions touristiques et exploration solitaire, pour capter, avec nos micros, la beauté silencieuse du désert.
Le off road: en marge de ces routes très empruntées, des pistes pour véhicule 4×4 sillonnent les parcs et restent moins fréquentées. Parfois vertigineux, un poil dangereux, ces hors-pistes transforment toute personne en explorateur, redonnent des sensations d’aventure et permettent de découvrir des zones quasi-désertiques. L’environnement idéal pour nos prises de son. Nous avons gravité longuement autour du parc Canyonlands, dont les pistes font tourner les têtes : la shafer road nous a emmené tout droit dans le décor de la scène finale de Thelma et Louise, la potash road nous a fait perdre une protection plastique, une autre nous a fait renoncer. Toutes nous ont donné le grand frisson et cette sensation d’immersion totale, de perte de repère dans l’immensité du désert.
Les nuits : loin des campings officiels au sein des parcs qui affichent complet même hors saison, nous avons pu établir nos camps du soir en toute liberté. Spot à la mad max avec des engins fous du désert ou seuls au bord d’un canyon, les ambiances sont uniques.
Nous avons profité de ces bivouacs perdus pour laisser les micros branchés durant certaines nuits. Ces pièges sonores sont idéals pour surprendre l’activité animale du coucher au lever du soleil, c’est ici que tout se joue.
Les randos : l’évidence. La rando reste le meilleur moyen pour une immersion totale dans les parcs. Il suffit de faire quelques kilomètres, même sur les sentiers prisés, pour se retrouver (presque) seul et pouvoir tenter quelques prises de son. Peu balisés, les sentiers suivent naturellement les courbes du terrain, sans en contourner les obstacles, et donnent cette sensation d’exploration intuitive. On retient Devil’s Garden Trail à Arches, Elephant Hill à Canyonlands, Peek-A-Boo Loop à Bryce Canyon, Angels landing et the Narrows à Zion.
Les alternatives : par manque de temps ou d’argent, certains parcs passent à l’as. C’est le cas Antelope Canyon, très populaire pour ces fameux slots canyons, étroits et rougeoyants. En échangeant les bons plans entre voyageurs, on a pu trouver les alternatives qui valent le détour. C’est le cas du Red canyon à Kanab. Douze kilomètres de marche dans le sable, pour avoir le canyon pour soi, faire quelques prises de son et une belle phonography.
Après notre immersion dans les terres du Nord de l’Alaska via la Dalton highway, on s’est naturellement tournés vers la côte Pacifique et plus particulièrement la péninsule du Kenai, réputée pour ses nombreux glaciers.
L’Alaska compte plus de 600 glaciers, pour la plupart inaccessibles. Mais puisque rien ne résiste à l’homme, ce précieux et fragile trésor attise un tourisme de luxe polluant et bruyant, pour personne pressé : croisière, bateau, tour en hélico, tout est prévu pour en voir un max dans un timing record. Notre luxe à nous, c’est d’avoir le temps et des chaussures de rando, pour atteindre des glaciers accessibles au prix modique de quelques efforts.
PORTAGE GLACIER
Une petite randonnée au départ Whittier permet de voir facilement le front, qui reste très lointain, puisqu’il recule d’année en année.
Une marche supplémentaire le long du lac, un franchissement de rivière glaciale jusqu’aux genoux et un peu d’escalade nous ont offerts un tête-à-tête intimidant avec la partie haute du glacier.
Des formes déstructurées, cassées, compressées construisent des cathédrales aux murs translucides et vibrants
En dessous, c’est tout un réseau de cavernes, invisibles, mais audibles : ça grince, ça goutte, ça casse, ça tombe.
On s’avance vers le front du glacier, en le surplombant. Les blocs se détachent de temps en temps et dérivent le long du lac.
On passe la journée ici, seuls, à écouter vivre le glacier.
EXIT GLACIER
Il est accessible de Seward, petite ville de pêcheur, pour laquelle nous avons eu un coup de coeur (ciel bleu, chaleur et aurores boréales en prime)
Ce glacier est lui aussi en recul, mais de manière continue, hiver comme été depuis 2006. La marche d’approche pour observer le front se fait de plus en plus longue et retrace 195 années de recul. Le sentier a connu plusieurs extensions, mais il n’y en aura pas d’autre, la langue glaciaire étant entourée d’un terrain jugée trop abrupt maintenant. Nous avons opté pour le harding field trail , rando toute en élévation de 12 km, pour admirer le champ de glace sur les hauteurs de l’Exit glacier. Après avoir traversé une forêt de peuplier dense en lacet, des prairies aux marmottes, c’est seul que nous arrivons face à l’immensité du champ de glace. On peut affirmer que ce fut un moment fort du voyage, qui se passe de commentaire.
Pendant cette longue contemplation, ou nous avons fait quelques prises de son, sorti du nul part, on aperçoit un coureur au loin, torse nu en short…On hallucine total !
SALMON GLACIER
Ce glacier se trouve à Hyder, village fantôme d’ancien mineur, bout du monde frontalier avec la British colombia. Sur la route, on découvre Fish Creek, rivière a saumon et plateforme d’observation pour les Ours.
La route pour le glacier n’est vraiment pas au top, mais en vaut la peine. La langue glacée sinueuse fut un spectacle parfait, admirable jusqu’à l’extinction de notre feu.
BYRON GLACIER
Il se situe a 50km d’Anchorage, près du portage lake. Nous nous sommes attardés sur ses cavités de glaces, pour capturer le son si particulier et en faire une phonography 360:
Nous avions décidé que le point le plus Nord de notre trip serait symboliquement situé sur le cercle Arctique en Alaska. Pour l’atteindre, il fallait emprunter 115 miles de la sulfureuse Dalton Highway, perchée en plein Nord, au départ de Livengood(près de Fairbanks) et débouchant sur l’océan arctique à Prudoebay. Pour la petite histoire, la Dalton a été construite en 1974 pour l’approvisionnement de l’oléoduc trans-canadien. 666 km de piste, autant de pipeline, 3 villages et 50 habitants. Ultra isolée, traversant des paysages reculés et sauvages, elle est néanmoins parcourus tout les jours par 250 camions ravitaillant la station de forage de Prudoebay.
MILES 0: LIVENGOOD
La route est à un chemin de terre défoncé, comme impacté par une pluie de petites météorites. Le pipeline apparaît et serpente avec nous des multiples lacets. Les couleurs changent, la végétation se fait plus rase et laisse le champ libre à de grandes perspectives.
Dans ces immenses plaines dégagées, on y aperçoit un Grizzly et son petit, cherchant les dernières baies, séquence émotion.
MILES 115 : ARCTIC CIRCLE Le but atteint,on se pose pour la nuit dans l’unique campground du coin. À cette saison, on ne se marche pas sur les pieds…La tentation d’aller l’explorer au-delà de ce point est forte, on n’est pas venu pour la photo (mais on la prend quand même hein).
MILES 175–COLDFOOT On pousse donc jusqu’à Coldfoot, un des 3 villages de la Dalton. Le visitorcenter est une petite perle et ses rangers nous ont convaincu de continuer, pour découvrir encore un autre visage, sans doute le plus fascinant. Ce bout de piste nous amène au cœur des Brooks range, chaîne montagneuse qui s’étend sur plus de 1000 km. Aucun autre chemin la traverse, aucun sentier de randonnée n’existe. Les couleurs tirent sur l’orange vif et les montagnes se dressent. On monte sur un tapis de gros cailloux le col Atigun, puis s’enchaîne une sérieuse pente. Arrivée au Galbraith lake pour la nuit, un froid polaire nous enveloppe.
MILES 275: GALBRAITH LAKE
Le réveil se fait sous la neige. Par deux fois, on nous a déconseillé d’aller au bout de la route et même si la symbolique est belle, on y trouverai que champs de pétrole avec accès interdit à l’océan arctique ( ou avec un guide de la compagnie pétrolière). Après avoir traversé ces paysages sauvages, le contraste aurait été brutal. Ce chemin aussi spectaculaire soit il n’existe que pour sa finalité, le pétrole.
Sur le chemin du retour, c’est une nouvelle ambiance, plus hivernale mais plus intense et contrastée. Les 3 phonography que nous avons fait à quelques heures d’intervalle, témoignent de ces changements radicaux :
On s’octroie une pause chaleureuse à Coldfoot dans un resto route bien typique ou se côtoient travailleurs, chasseurs et quelques curieux.
Nous aurons parcouru au final 275 miles de la Dalton Highway, chemin atypique, difficile mais tellement intense. Le van, recouvert de boue, portera pendant longtemps son nouveau coloris bi-ton, comme un fier revenant du bout du monde.
Il était temps de faire une coupure nette avec la routine du camion, arrêter d’avaler du bitume et rentrer dans la fosse aux Ours pour quelques jours, sans être protégé par notre bouclier d’acier. En s’enfonçant dans la nature, les prises de sons y gagneraient surement en puissance.
Pour ce baptême du feu, on met notre dévolu sur le Kluane National park dans le Yukon. La route pour y arriver nous met en appétit et on choisit de partir à pied pour 4 jours de rando en autonomie, avec à la clef, une vue imprenable sur le glacier Kaskawulsh. Passage obligatoire par le visitor center pour l’enregistrement, on n’échappe pas à une prévention complète sur les risques de ce parcours. Ours, traversée des cours d’eau, l’hypothermie, tous les sujets vitaux sont passés en revue avec petite interro à la clef. L’employée du centre, l’air satisfaite, nous laisse repartir avec un contenant à l’épreuve des Ours sous le bras (obligatoire, pour y mettre vivres, déchets, tout produit odorant et dormir tranquille…). Le programme allait être chargé, nous aussi…
C’est donc avec le matériel de son, la tente, la nourriture et d’autres choses qui n’ont servi à rien, que nous nous engouffrons sur le chemin. 22,5 km pour rejoindre le camp de base, une bonne entrée en matière en soi. Peu rassurés encore sur la présence des Grizzlis, on unit nos forces avec un compagnon de route, Roger. Faire du bruit, parler fort, c’est la première arme pour éviter de surprendre l’animal. Ici, c’est son territoire et si tu n’en croises pas, sa présence reste palpable.
On navigue entre toundra marécageuse et montagne rocailleuse à l’aide de cairns disséminés. Les derniers kilomètres nous reversent une belle ascension, nous achève et clôture ces 8 heures de marche.
Quelques tentes, mais personnes au camp ; on comprendra le lendemain pourquoi il faut attendre 19 h pour commencer à voir des silhouettes au loin.
Le deuxième jour sera celui de l’ascension vers le glacier. Un petit aller-retour de 20 km réservant bien des surprises. Au départ, les multiples bras de la rivière nous attendent. Glaciales mais peu profonds, nous les retrouveront avec un niveau bien plus haut à notre retour…Puis, c’est une ultra ascension, 1200 m de dénivelé sur 4 km, sur un terrain accidenté et vertigineux, qui nous hisse, péniblement au sommet. Le matériel de son a fait le trajet avec nous, on s’en déleste le temps d’une Phonography avec vue.
La scène est évidemment spectaculaire, mais je pensais déjà au retour, à la pente abrupte, aux crêtes sans garde-corps, à la rivière qui prenait de la puissance. Pour résumer la descente, je dirais que j’ai pleuré mille fois…le physique n’était pas au rendez-vous et le mental m’avait quitté depuis un moment. N’ayant pas d’autre choix que de redescendre, j’ai rassemblé mes esprits et suis restée concentré à chaque pas. Une fois en bas, la rivière tenait bien sa promesse, elle avait changé de forme et de tempo. On choisi un endroit où elle se divise et perd un peu en puissance. On se lance, face au courant, le sac détaché (détail qui a son importance), bâton droit devant. Certains bras sont plus profonds, et le bouillonnement de l’eau m’étourdit. L’employé du centre l’avait pourtant dit : » ne jamais regarder l’eau ». On traverse le dernier bras qui nous glace définitivement les pieds. Nous arrivons au camp à 19 h, soit une journée de 10 h de marche.
» Tu sera bien contente d’avoir une journée off avant de repartir ». On nous a dit cela aussi et c’est exactement ce qu’il fallait faire en ce troisième jour…et quelques prises de sons aussi.
Le dernier jour aurait pu être simple et sans embûches. Mais trop fatigués, nous décidons de « ziber » pour gagner du temps. Une bien mauvaise idée, surtout par temps de pluie. Ne pas réfléchir, foncer tout droit, faire du bruit en continu et au pas de course pour s’extirper de cet endroit peu inspirant. On retombe sur nos pattes (merci le GPS), tremblant, boueux, mais tellement content de voir la fin du parcours ( je vous épargne l’épisode de l’homme, hyper flippé, qui a vu l’homme, qui a vu le Grizzly, rajoutant une couche d’adrénaline).
À chaque fin de randonnée (je pratique régulièrement la chose.), j’éprouve toujours ce sentiment de satisfaction après en avoir bavé. Mais il ne faut pas se mentir, on n’avait pas le niveau sur ce coup-là. Avec un peu moins de poids dans le sac et plus d’entraînement, peut-être. Pour la petite histoire, un groupe que l’on a vu partir le matin lors de notre journée off, est rentré très tard. Une des filles s’est fait emporter par le courant sur 200 m, avec son sac (d’où l’importance de le détacher). Sous le choc, à la limite de l’hypothermie, éraflé de partout, son récit nous remet tous à notre place, tout petits dans cette nature sauvage.
Le désir de capturer un son plus pur, isolé de l’activité humaine nous a fait prendre des chemins de traverse.
Cap au point le plus au nord du Quebec, destination Radisson et la baie James, où vivent les Cris, peuple autochtone.
De Chibougamau à Chisasibi, la route du Nord sera longue. Pas de réseaux, pas d’eau et de vivres ni de station service
à des centaines de kilomètres à la ronde. A toi de prendre tes précautions, c’est le deal pour arriver au bout.
Pas de bitume sur plus de la moitié du chemin, 800km en tout, que des cailloux laissant une traînée de poussière derrière toi.
Mais la route, c’est le clou du spectacle à l’envers. La forêt s’est déroulée comme un tapis sans fin, passant de mystique,
calcinée par la foudre à délirante et colorée avec sa sphaigne fluo.
800km pour arriver au bout de la route la plus au nord du Quebec, « longue pointe », et pour y trouver un panneau avec écrit « Cul de sac »!
Une voie sans issue, qui s’arrête et vous laisse là, face à la baie James, seul. Enfin non, il y avait deux maisons et un tipi.
Un coin de paradis perdu, qui jouxte la région du Nunavut, mais sans liaison carrossable ( mer et air uniquement ).
Coucher de soleil et levé de lune en récompense du chemin parcouru.
Mais bizarrement, peu de son et de signe de vie animale. 3 canards et 2 mouettes, c’est grossièrement tout ce que l’on a entendu.
On multiplie les enregistrements de jour et de nuit, mais les animaux ne sont pas la pour faire le show, malgré une place durement gagnée au premier rang. En bon opportuniste, on enregistre tout de même l’instant, un silence teinté de vents et de vagues.
Au matin, quelques activités reprennent. Un motard venant de Montréal débarque. On prend le thé ensemble, on discute de la route, du Québec, des animaux qu’il a rencontré en campant seul au milieu de la forêt, du plus bel orignal qu’il a vu, à deux pas d’ici. Puis au loin un bateau à moteur, des habitants du Nunavut venant chercher des vivres pour leur village.
Une dernière prise de son pour la (longue et caillouteuse) route. A la sortie de longue pointe, on l’aperçoit. L’orignal. D’une taille irréelle comme sorti d’une légende, il fait une brève mais remarquable apparition.
Au retour, on passe par Radisson. » Y a rien à y faire la bas », nous a t-on dit à plusieurs reprises. Lieu de convergences des exploitations des ressources ( bois/ minéraux/ eau avec ses barrages), le village à en effet peu d’intérêt touristique et esthétique.Un beau prétexte cependant pour pousser le chemin le plus loin possible et toucher du doigt la mythique baie d’Hudson.